(...) Ces femmes phosphorescentes nous bouleversent d'autant plus par leur
perfection de poupées que l'actualité nous livre un miracle,
celui de l'accession à la responsabilité de quelques femmes.
Qui ne sont pas des poupées, étant dans le réel
du corps, ni beau ni laid, ce n'est plus la question, on est dans le
possible, non dans l'impossible, il y a rupture dans le fantasme. Cette
série d'Yves Hayat vient à point. Les femmes ne posent
plus pour les hommes, elles se posent en tant qu'un savoir sur la conduite
du monde.
(...) Entre
paradis et destruction, les plexiglas-écrans d'Yves Hayat projettent
l'ambivalence humaine, l'archaïsme double des saveurs édéniques
de la fusion avec une toute-puissance rêvée (une jouissance
ressentie comme parfaite), et du rejet de l'autre, pour exister. Le
plexiglas, matière minimale, concrétion de lumière
pour laisser filtrer de l'image pure, presque un hologramme, insaisissable
entre les doigts, sable filant dans la main, joue de tous ses reflets
sur le mur. Ce mur où cela bute, et où la réflexion
peut, enfin, admettre qu'elle est " au pied du mur ". Le monde
en ruines d'Yves Hayat est une proposition : reste-il un piège,
où l'enfance, l'immaturité, dans chacun de ces corps,
continueront d'être violées et torturées, ou un
visage humain peut-il apparaître au sein des phosphènes
lovés dans le magma ? C'est à l'action, semble-t-il, qu'invite
cette uvre, au-delà du regard neuf. Cela passe par l'exil
de soi. ( France
Delville, 2006)
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(...) These
phosphorescent women move us not only because they are as perfect as
dolls but also because the news let us know about a miracle, that of
a few women becoming executives. They are not dolls for they are in
the real of their bodies, neither beautiful nor ugly, that is not any
more the question as something has become possible; there is a break
in fantasy. This series of works by Yves Hayat is timely. Women don't
pose any more for men; they pose as being those who know about how to
rule the world.
(...) Between
paradise and destruction, Yves Hayat's Plexiglas-screens display the
human ambivalence, the double archaism of the Eden-like flavours of
the fusion with a dreamed omnipotence (an enjoyment felt as perfect)
and the rejection of the other which makes you exist. Plexiglas, minimal
matter, concretion of light that lets filter some pure image, nearly
a hologramme, elusive in the fingers like sand running through your
hand, plays with all its reflections on the wall onto which that stops.
And then you can admit you are at last thinking about it "with
your back to the wall". The world in ruin of Yves Hayat is a proposal:
does it remain like a trap into which childhood, immaturity in each
of these bodies will keep on being raped and tortured, or can a human
face appear in the middle of the phosphenes coiled up in the magma?
Beyond just having a new eye, this work seems to invite you to act,
and that goes through the exile of your self. (France
Delville, 2006, translation Pascal Teisseire)
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